CHAPITRE XXI
– Par ici, mon ami draigon, dit Qui-Gon en montrant l’embouchure des souterrains.
La douzaine d’entrées menant aux cavernes était répartie sur une seule colline. Vues du ciel, on aurait dit une immense taupinière.
Le Jedi lutta pour garder le contrôle de l’esprit du draigon jusqu’à ce qu’ils touchent le sol. Il se faisait du souci : de tous les côtés, les draigons se rassemblaient autour des cavernes. Leurs rugissements s’élevaient, assourdissants, alors qu’ils appelaient leurs congénères.
Qui-Gon avait vu les arbres géants et argentés de la Forêt des Rêves, sur la planète Kubindi. Leurs feuilles pouvaient mesurer jusqu’à vingt mètres de large, et lorsque venait l’automne, elles s’abattaient tels de gigantesques radeaux aériens encombrant le ciel. Les draigons lui donnaient la même impression. Ils se laissaient tomber de ce ciel de plomb comme les feuilles mortes des forêts de Kubindi. Mais ces créatures étaient bien plus dangereuses…
Qui-Gon lança un nouvel avertissement mental à Obi-Wan. Puis quand le draigon arriva face à l’ouverture des cavernes, il bondit de son dos et atterrit sur la corniche. Le draigon, soudain libéré, s’éloigna avec un petit cri de stupéfaction.
Le Jedi avait à peine fait deux pas vers l’entrée de la caverne qu’il vit Obi-Wan qui venait en courant, sabrolaser en main.
– Vous avez retrouvé le dactyl ? lança le garçon.
Le Jedi acquiesça.
– Et les Arconiens ?
– Toujours vivants, mais il s’en faut de peu. Allez-y. Je garde l’entrée.
Obi-Wan s’attendait que Qui-Gon refuse et l’envoie porter le dactyl lui-même. Mais le Chevalier se contenta de le regarder fixement une fraction de seconde. Obi-Wan lut dans les yeux du Maître un profond respect.
– Je reviens, dit le Jedi en se précipitant dans la caverne.
En quelques secondes, les draigons fondirent sur Obi-Wan. Il agita frénétiquement son sabrolaser, tailladant les chairs dans un concert de sifflements. Les bêtes s’abattaient devant lui en rugissant de douleur. Il luttait avec une force et une dextérité dont lui-même ne se serait pas cru capable.
Mais il ne pourrait tenir bien longtemps.
Qui-Gon courut au fond de la caverne, dépassant les gardes hutts et whiphids, toujours muni de son sac de dactyl.
Il avait l’air si décidé que personne n’osa s’interposer. Au contraire, les gardes de Jemba reculèrent, effrayés, jusqu’à ce que le Jedi tombe sur le chef hutt en personne qui lui bloquait le passage.
– Halte ! Où vas-tu ?
Qui-Gon le regarda sans ciller.
– Tu ferais bien d’envoyer tes gardes à l’entrée de la caverne, répondit-il. Nous sommes en danger.
– Ha ! fit Jemba. Ton élève nous a déjà raconté la même histoire !
Soudain, le rugissement d’un draigon retentit en faisant vibrer les parois du tunnel. Un déluge de poussière s’abattit sur eux.
– Le pire reste à venir, fit Qui-Gon d’un ton égal.
Il bouscula l’énorme Hutt et courut donner le dactyl aux Arconiens.
Grelb s’aplatit entre deux rochers et s’immobilisa, les doigts serrés sur son blaster, le regard braqué vers la caverne. Il avait eu une chance de tuer Qui-Gon Jinn et il l’avait laissée passer. Le grand Jedi avait déjà disparu à l’intérieur, mais son élève gardait l’entrée, sabrolaser à la main.
Le Maître était sa principale cible, mais, pour l’instant, il lui faudrait se contenter de l’élève.
Les draigons tombaient du ciel, toujours plus nombreux, et fonçaient vers le jeune garçon. Même Grelb devait admettre que ce gosse était très doué. Son sabrolaser frappait encore et encore sans qu’il montre le moindre signe de lassitude. C’en était presque dommage de le tuer.
Les éclairs striaient le ciel. La pluie drue martelait les rochers au-dessus de la tête de Grelb. Sa cachette avait un avantage : au moins, il était au sec.
Il leva son lourd blaster et tenta de viser le jeune Jedi. Il voyait briller le sabrolaser entre les corps des draigons.
« Tout ce qu’il me faut, c’est une ouverture pour pouvoir viser et tirer. Rien qu’une seconde… »